Cher journal...les bienfaits du journal intime

Je m'appelle Fabienne Rêve, j'ai quinze ans et demi et je n'aime pas mon nom. Voici la première phrase écrite dans mon journal intime commencé le 1er janvier 1987.

Deux ans auparavant, ma mère m'avait offert un carnet à secrets que l'on ferme avec un petit cadenas. Etant une fille timide, réservée, solitaire, je voulais me confier à une amie de papier qui garderait toutes mes paroles manuscrites pour elle, mais les curieuses de la maison ont trouvé les clés, laissant échapper mes secrets. La méchanceté humaine me trahissait mais pas ma confidente de papier.

Le 1er janvier 1987, j'ouvrais, dans un cahier, mon premier journal. Ma vie étant concentrée dans un banal cahier, n'attire plus l'attention comme autrefois avec le cadenas qui signifiait l'interdit. Dans quelques semaines, je termine mon 54e cahier et bientôt l'excitation d'en acheter un nouveau, avec son papier de qualité, lisse, quadrillé (grands carreaux) avec sa marge.

Mon journal dans des cahiers (Clairefontaine de préférence)

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20 mars 1977

Ecrire un journal stimule-t-il des pensées d'une nature détaillée et précise qui dont déjà dans l'esprit...

Joyce Carol Oates, Journal. Editions Points

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Tenir un journal intime n'est pas désuet. Dans ces vies tourbillonnantes, pressées, que nous vivons, il est nécessaire de se poser, de libérer toute cette pression qui nous accapare et bouffe notre énergie. S'isoler dans Une chambre à soi, comme Virginia Woolf, pour se retrouver face à soi-même, à ses émotions.

Dans son journal intégral, Virginia Woolf se raconte avec sincérité. Ses joies, ses doutes, le mal qui la rongeait souvent, son travail d'écriture, tout est dit. Ecrire sur soi permet de se libérer de ses angoisses, de clamer sa joie mais surtout de se retrouver face à son existence, de la visualiser avec nos phrases, de réfléchir et de recadrer ce qui ne va pas.

Pour moi, mon journal est la confidente que je n'ai pas eu. Une amie imaginaire comme Anne Frank qui s'adressait à Kitty, qui écoute, ne trahit pas, ne juge pas, mais qui apaise nos pensées (même les plus noires), qui nous permet de porter un regard sincère sur notre journée et voir les solutions à apporter. Certain soir, quand je me retrouve en tête-à-tête avec mon cahier, il m'arrive de le nommer en introduisant mon récit du jour par cette formule, toute simple : cher journal...Une manière de sentir sa présence, surtout quand une contrariété vous a poursuivi toute la journée.

Pour moi, mon journal est plus important que mon activité d'auteure. Je pourrais très bien ne plus publier de livres mais toujours tenir un journal. Il y a encore deux ans, je n'aurais jamais renoncée à mes romans, mais la vie, son évolution et ma place dans ce monde, m'ont fait changer mon fusil d'épaule. L'écriture est mon oxygène mais pas la publication.

Ecrire dans mon journal est avant tout un plaisir, un rendez-vous quotidien avec moi-même. Quand je note la date du jour, en haut de la page à droite, je m'enferme dans ma bulle pour vivre le bonheur de trouver le mot juste.

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Temps pour soi

Clarifier ses pensées

Archiver son quotidien

Laisser une trace

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De nombreux écrivains, passés ou contemporains, tiennent aussi un journal. Certains acceptent de le publier, pour d'autres, leurs descendance, leurs éditeurs s'en chargent, parfois sans respecter les volontés du défunt...Le premier journal que j'ai lu est celui d'Anne Frank, puis celui de Stendhal (qui l'a arrêté avant la publication de ses romans), Julien Green, Benoîte Groult, Virginia Woolf...et plus récemment les carnets intimes de Patricia Highsmith.

12. 6. 1955 : ...Ne pas tenir un journal a un autre inconvénient : on se prive des effets purgatifs du simple fait de mettre les choses noir sur blanc ; et du bénéfice de l'analyse, qui, même si elle n'est pas poussée, émerge quand on s'exprime par écrit. (Les carnets intimes de Patricia Highsmith)

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Notre journal peut nous accompagner toute une vie, partager un bout de chemin le temps d'un évènement, un besoin de poser des mots sur des maux quand la vie nous chamboule...

J'avais envie de partager avec vous, dans ce journal d'autrice, ce qui m'anime, me porte au quotidien, car dans ce monde individualiste, pressé, connecté sur l'information à outrance et la vie des autres, il est important de se retrouver avec soi-même, de ne pas subir ou ne pas se perdre. Il faut prendre le temps de se poser, au calme, de s'interroger sur nos désirs, nos envies pour une vie apaisée.

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Et vous, mes chers visiteurs, tenez-vous un journal intime ? Actuellement ou l'avez-vous pratiqué dans le passé ?

Comments

[manou]

Non je n'en tiens pas mais adolescente bien entendu comme beaucoup, j'écrivais tous les jours dans mon "journal". Dommage que tous mes écrits aient été perdus...maintenant que je vieillis j'aurais bien aimé les relire même si la jeune fille de l'époque existe toujours au fond de moi, c'est bien différent...Les participants doivent se régaler à vos ateliers. Comme vous le premier journal que j'ai lu est celui d'Anne Frank ! Très belle journée