Entretien avec Emilia Hart - La maison aux sortilèges - Fabienne

28 décembre 2023

Entretien avec Emilia Hart - La maison aux sortilèges

Quand j'aime un livre mon instinct de lectrice curieuse, passionnée, me pousse à en découvrir plus, comme connaître la genèse du roman que je viens de terminer. J'ai envoyé mes questions à Anne du service presse des éditions Les Escales, qui les a transmise à Emilia Hart qui a eu la gentillesse d'y répondre. Après le retour de ses réponses, j'ai pris le temps de les traduire en français afin d'être en communion avec la "voix" de l'autrice.

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Comment cette histoire s'est imposée à vous ?

Emilia Hart : J'ai commencé à écrire le roman en 2020, au début de la pandémie. A l'époque, j'avais la chance de vivre à Cumbria, une belle région du nord-ouest de l'Angleterre. J'ai été extrêmement inspirée par le paysage. C'était revigorant d'être parmi les pigeons ramiers, les fleurs sauvages, et bien sûr de contempler les majestueuses et vastes collines. C'était étrange, car même si j'étais confinée à la maison, j'avais le sentiment d'échapper à la vie citadine et de pouvoir renouer avec moi-même. En même temps, j'ai été bouleversée d'apprendre l'impact du confinement sur les femmes qui vivent avec un compagnon violent, les violences conjugales plus nombreuses...Cela m'a également fait réfléchir sur la position des femmes dans la société britannique. J'avais également lu des articles sur les procès des sorcières de Pendle qui se sont déroulés dans la ville voisine de Lancaster, en 1612. Toutes ces informations me donnaient un véritable fil conducteur sur la misogynie qui s'étendait de XVIIe siècle à aujourd'hui.

J'avais envie d'écrire sur une femme fuyant son partenaire violent pour un chalet rural de Cumbria, où elle découvre une lignée de femmes puissantes. C'était la graine du roman.

Trois femmes : Altha, Violet et Kate, de la même famille, avec un héritage de sortilèges et une passion pour la faune et la flore. Est-ce aussi un roman, un message pour la protection de l'environnement ?

Emilia Hart : Je voulais vraiment rendre hommage à la beauté et aux merveilles de notre environnement dans le roman. Avant mon séjour en Cumbria, je me sentais tellement déconnectée de la nature, surtout en vivant dans un appartement en ville et en travaillant dans un bureau. C'était comme si j'avais perdu une partie de moi-même. Etre en Cumbria m'a rappelé la beauté du monde naturel et l'improtance de faire tout ce que nous pouvons pour le préserver.

Emilia Hart - Photo DR

Comment êtes-vous venue à l'écriture ?

Emilia Hart : J'ai toujours écrit. Même si j'ai travaillé de nombreuses années comme avocate, l'écriture est mon premier amour. Je suis obsédée par les livres et les histoires depuis aussi longtemps que je me souvienne. Quand j'étais enfant, écrire des histoires, c'était comme faire de la magie. C'est encore le cas maintenant - du moins de temps en temps !

Les violences conjugales, la place de la femme dans la société, sont les thèmes que nous retrouvons dans votre roman. Pensez-vous que l'écriture peut avoir une influence positive sur l'avenir de la femme ?

Emilia Hart : Oui. Il y a un tel pouvoir dans l'acte créatif d'écrire - ou dans n'importe quel acte créatif en réalité. Je suis reconnaissante de vivre à une époque et dans un lieu où les femmes ont une voix. Pour moi, la liberté est la liberté de créer.

Pour ma part, j'ai été inspirée par tant d'auteures féminines et leurs personnages au cours de ma vie. Le premier personnage féminin qui m'a touché quand j'étais enfant était Sarah Crewe dans A Little Princess de Frances Burnett. En tant que jeune femme, j'ai été impresionnée par le courage et la grâce aves lesquels Sara fait face à son revers de fortune, sa capacité à s'échapper dans sa propre imagination, j'ai pris conscience du pouvoir de la narration.

J'ai lu Jane Eyre quand j'étais adolescente, la lutte déterminée de Jane pour agir sur sa propre vie est toujours restée en moi.

En tant qu'adulte, j'adore les romans de Daphné Du Maurier, ses personnages féminins sont inoubliables, par exemple Mary dans Jamaica Inn et Dona dans Frenchman's Creek. Les deux femmes ont énormément de courage et d'intégrité, ce à quoi j'aspire dans ma propre vie (aussi différente que cela puisse être de la leur !).

J'adorerais penser que mes propres écrits inspirent d'autres femmes. Si Kate, Violet et Altha inspirent une seule femme à récupérer son propre pouvoir, alors j'aurais atteint mon objectif.

Quelles femmes sont vos modèles, vos références ?

Emilia Hart : J'ai la chance de venir d'une famille de femmes très fortes. Je m'inspire de ma grand-mère, ma mère et ma soeur. J'ai été élevée pour être féministe et lutter pour l'égalité des sexes. Quant aux personnes que j'admire de loin (soit parce qu'elles ne sont plus en vie et/ou qu'elles sont des célébrités) : Mary Angelou, Margaret Atwood, Millicent Fawcett...Et je dois l'admettre, je suis un énorme Swiftie, alors ajoutons aussi Taylor Swift à la liste ! C'est une brillante parolière, je pense que son talent en tant qu'artiste musicale est une source d'inspiration pour toutes les femmes.