Mes quinze ans en autoédition : joie et chagrin

9 mai 2023

Qui aurais pu croire en 2008, à la publication de mon premier livre, que je continuerai encore aujourd'hui à sortir, tous les ans/tous les deux ans, un nouveau livre ? Pas moi.

En quinze ans, l'autoédition a évolué, comme moi j'ai grandi dans mon travail d'écriture. Longtemps décrié, encore boudé par certains, l'autoédition tire son épingle du jeu et continue de progresser avec des points forts et des points faibles.

L'autoédition : un vent de liberté

Quand j'ai commencé à m'autoéditer en 2008, ce genre d'édition indépendante existait déjà, d'illustres écrivains ont publiés leurs premiers écrits ainsi, Marcel Proust ou encore Victor Hugo et d'autres assumaient déjà, leur choix d'indépendance, comme Virginia Woolf avec la création de la Hogarth Press avec son mari Léonard...

Ne pas s'inscrire dans la normalité, dans tous les domaines, c'est être mis à l'écart et l'autoédition ne déroge pas à cette règle. La société aime les choses cadrées et voit d'un mauvais oeil celui qui s'affranchit des règles, celui qui veut être libre de créer, d'entreprendre. La liberté de s'épanouir personnellement ou professionnellement, selon notre méthode, encore aujourd'hui, est perçu comme une infraction.

Mon choix de l'autoédition est un choix réfléchi, assumé, voulu car je voulais être libre de proposer tel livre, à quel moment, aux lectrices/lecteurs. Mon but premier - qui est encore le mien quinze ans après - est de partager mon travail, ma passion pour l'écriture.

Mon premier livre est né dans une imprimerie nîmoise après deux ans d'écriture, de rencontres. Amazon ne proposait pas ses services d'impression, les maisons d'édition et autres plateformes dédiées à l'autoédition ne poussaient pas comme maintenant.

Quelques-uns de mes titres

Je démarchais les salons, je rencontrais la presse et les libraires (dans leur grande majorité) refusaient (et refusent toujours) de vous recevoir pour une dédicace...

Quand j'ai commencé, nous n'étions pas si nombreux, les salons du livre ne poussaient pas dans chaque ville/village, la concurrence était moindre et nous, écrivains, nous étions là pour l'amour de l'écriture, pour partager nos créations auprès d'un public curieux et intéressé.

Effet de mode, abondance : écrivain ou commercial

Aujourd'hui avec internet et tous les services d'autoédition proposés, nous nous retrouvons sur une autoroute où tout file à vive allure avec des imprudences. Je vous le confie sincèrement, je n'éprouve plus le même plaisir qu'avant à participer à des salons et encore moins à communiquer sur les réseaux sociaux. Plusieurs fois, j'ai songé à arrêter de publier mais l'amour de l'écriture, le partage auprès de vrais lectrices/lecteurs, demeure, donc je continue autrement.

Aujourd'hui, sur les réseaux, sur internet, c'est la foire à la publication en autoédition. Beaucoup passe par les plateformes, ne font aucun salon, et trouve le moyen de vendre des conseils pour s'autoéditer en ayant écrits qu'un ou deux livres ! Ils communiquent en abondance, envoient des newsletters pour inciter à l'achat...MAIS où se trouve le véritable échange, l'écriture est-elle importante ou juste une mode qui permet de se faire voir et de vendre.

Dans les salons, les discussions avec ces nouveaux arrivants s'articulent autour du nombre de followers et des ventes. Les stands se parent d'une foule de goodies et l'accumulation de roll-up empêche de voir la décoration des lieux.

Mes deux romans jeunesse (il y a aussi deux albums illustrés)

C'est ainsi que je perçois cette évolution, c'est une accumulation de petites choses qui dessert notre fonction d'auteur indépendant. Tout va très vite, la surabondance de la communication, le paraître sur les réseaux sociaux ou en présentiel, l'arrivée massive des profiteurs...tout cela m'amène, en 2023, à revoir mon activité (je suis auto-entrepreneuse) pour l'aborder différemment, tout en gardant ma personnalité, mon envie de partager avec les lectrices/lecteurs.

L'écriture sera toujours en moi, elle m'accompagne dans ma vie depuis mes huit ans, elle grandit en moi, elle reste fidèle et ne déçoit pas.

Quinze ans : un bel anniversaire malgré tout

Quinze ans. Quatorze livres. Un beau palmarès même si je ne suis pas rivée sur les chiffres.

Je garde de bons souvenirs des premières années, de belles rencontres continuent de se réaliser chaque année. Je pense surtout aux participantes de mes ateliers d'écriture, aux organisateurs de salons qui savent recevoir des écrivains, à mes lectrices fidèles depuis des années et les nouvelles qui me découvrent au gré des rencontres auxquelles je participe.

Quinze ans, un anniversaire mais pas de fête, car je ressens une profonde solitude, l'épuisement moral qui me mine depuis 2020, m'encourage juste à publier des messages spéciaux dédiés à cet évènement sur ce blog et à continuer d'écrire...

L'abondance de communication, l'accumulation d'informations et le manque de véritable conversation, m'obligent à prendre du recul, mais l'autoédition reste un moyen de publier, de travailler en toute liberté et c'est ce qui reste très important : être libre !